Les exemples de réussite sont comme les gagnants du loto.
Publié par Denis Tellier le
On met souvent en avant ceux qui ont réussi. Ceux étaient pauvres hier et qui sont (très) riches aujourd’hui. Ceux-là même dont on trouve des citations partout sur les réseaux sociaux. Ils deviennent parole d’évangile pour inciter les autres (entrepreneurs) à s’accrocher à leurs Envies. Le mot « rêve » étant particulièrement galvaudé ces temps-ci.
On loue leur ténacité, pugnacité, voir leur obsession. On vénère leurs innovations disruptives (ha ha ha …), leurs idées à contre-courant. On boit leurs paroles pour espérer trouver le détail qui fera la différence.
Ces gens-là sont comme les gagnants du loto. Ils font envie.
Les publicités humoristiques de la Française des Jeux mettent en avant de riches personnes qui satisfont leurs envies excentriques. Et ça donne envie aussi ! De jouer, de tenter sa chance pour devenir comme eux. Qui ne s’est pas retrouvé dans une conversation ou le point de départ tient dans une question: « Que ferais-tu avec 20 millions d’euros ? » (ou plus)
Chacun y vas de son avis sur la vie. Mêlant son âge, ses valeurs, ses priorités, ses goûts, etc …
Tant que ça reste des conversations de comptoir, ça reste amusant. Mais que se passe-t-il lorsque vous jouez ? Lorsque chaque semaine vous investissez et que vous perdez. Le sentiment de frustration et de déception remplace l’amusement. Certains y laisse des sommes considérables (eût égard à leur revenus) et se mettent dans des situations précaires, avec cette idée fixe et obsédante: « Mon heure viendra, je le sens. Ces numéros, ce sont les bons ».
Sauf que, les statistiques ne changent pas. A chaque fois que vous jouez, vous avez une chance sur vingt millions de gagner. Et même parfois, personne ne gagne (sauf la Française des Jeux …). Tant mieux pour tous les gagnants, qu’ils profitent bien de leur gains. Mais combien de personnes sont laissées sur « le carreaux » pour un élu ? Beaucoup.
Finalement l’entrepreneur a cette même obsession pour continuer dans sa voie alors que tout est contre lui. Le marché, la concurrence, ses proches, ses finances, etc … Et comme les joueurs de loto, certains se mettent dans de grandes difficultés. Ce n’est, hélas, pas le niveau de difficultés qui feront leur réussite.
Pourtant ces fameux gourous sont la preuve vivantes qu’il FAUT continuer, persister. Idolâtrés, érigés en exemples, ils sont comme les gagnants du loto. Quelques « success stories », pour une masse considérable de personnes ayant la même niaque, la même volonté, la même énergie, et qui n’y sont pas arrivés.
Certains diront que ces échecs servent de leçon pour rebondir. Le positivisme a ses limites. Car si c’était le cas, nous aurions beaucoup de gourous à prendre en exemple. Or ce n’est pas le cas.
Certains diront que le jeux n’est que facteur chance, alors que le business est un facteur humain. Faux aussi. Tout entrepreneur ayant réussi a forcément eu son moment de chance. Une phrase dite au bon moment, une rencontre, un geste fortuit, un évènement extérieur, un truc inopiné qui change tout et qui n’est absolument pas maîtrisé.
Bien évidemment cette chance est totalement occultée par les bien-pensants, raffolant d’exemples pour alimenter leur discours de positivisme.
Je trouve qu’on ne parle jamais de ceux qui ont tenté l’aventure et ont échoué. On leur interdira de considérer cette part de vie comme un échec, et on leur conseillera de dire que c’est une leçon, qu’ils en tirent forcément du positif. Ça fait mieux, plus classe. Il faut sauver l’image !
Lorsque mon grand-père jouait au loto, il disait: « ça peut très bien tomber sur la tête d’un sot. Alors pourquoi pas moi. » Il avait la sagesse d’y jouer rarement, par plaisir.
Ce qui me fait venir à la conclusion de ce billet: L’entreprenariat doit rester un plaisir, sans y sacrifier sa vie. Car le succès comporte une part de chance que vous ne maîtrisez pas.
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